Découvrez la performance L'Éternité (1), d'Alix Boillot avec Maria Piera Fusi.

Maria Piera Fusi est vêtue de noir, à l’image des pleureuses italiennes. Elle porte un collier de perles de sel blanches et chante a cappella : on peut reconnaître Grace de Jeff Buckley, morceau que l’on dit prémonitoire à la noyade de son auteur, dans les eaux boueuses d’un affluent du Mississipi. Peu à peu, elle fait monter ses larmes dont l’origine nous est inconnue. D’ordinaire silencieuses, ici, elles font trembler sa voix et accompagneront la complainte à venir.

Dans l’époque âpre que nous traversons, il s'agit de faire une place à cette acqua alta intime que nous avons appris à contenir. Cette liquéfaction de nos émotions nous relie au monde : dans le débordement de nos lacs lacrymaux se trouvent des molécules d’eau, dont le temps de résidence varie – 3 200 ans dans l’océan, 9 jours dans l’atmosphère, 10 jours dans le corps humain. Les larmes ont connu la mer, qu’elles retrouveront bientôt :
Elle est retrouvée.
Quoi ? L’Éternité.
C’est la mer allée
Avec le soleil.

_ Arthur Rimbaud, L’Éternité (extrait)

Durée

00:10

Générique

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